Un nombre important d’enfants empruntent dès six ans le long couloir de l’illettrisme qui, de la maternelle jusqu’en 3e, traverse l’École. Ils ont toujours été en retard sur les compétences affichées. Ils souffrent d’un déficit et d’une rigidité de langage à cinq ans ; ils vont acquérir péniblement quelques aptitudes au décodage des mots à huit ans alors qu’il conviendrait qu’ils comprennent des textes simples ; ils vont difficilement parvenir à repérer quelques informations ponctuelles à douze ans quand on attendrait au collège qu’ils soient des lecteurs autonomes et polyvalents. Ils ont progressivement renoncé à exercer cette capacité propre à l’humain d’être transformé -quelque peu que ce soit- par la lecture lucide des mots écrits par d’autres.
Plus j’avance dans ma réflexion, plus je suis convaincu que tout commence par une bonne maîtrise du langage oral ; cette compétence conditionne un apprentissage heureux de la lecture et de l’écriture. Certes le choix d’une méthode de lecture de qualité est chose importante mais c’est aux parents et aux enseignants qu’il appartient de préparer les élèves à entrer dans le monde de l’écrit en utilisant un langage qui ne soit pas à des années-lumière de la langue que les textes vont lui proposer. Le destin scolaire et social des élèves dépend donc largement d’une alliance entre famille et écola. Il ne s’agit pas d’anticiper les entrainements au maniement des mécanismes graphophonologiques dès quatre ans mais de les nourrir plutôt de mots et de phrases et de veiller à leur compréhension ; A l’école comme à la maison, lisez leur des histoires et questionnez les ensemble ; veillez à ce que les mots qu’il lisent « fasse image « dans leur tête » et inviter les à vous décrire ce qu’il dessine sur son écran intérieur. Telle est la mission commune d’éclaireur sur le chemin de la conquête de l’oral puis de l’écrit.